Test - Assetto Corsa : le bon vin de l'ivresseAssetto Corsa c'est un peu comme le bon vin. Depuis le jour où je suis tombé dessus un soir d'hiver de 2013, alors qu'il n'était encore qu'en early access, il n'a cessé de bien vieillir.
Les bases étaient déjà solides :
Si l'on m'avait dit que près de trois ans plus tard, il siégerait encore dans ma ludothèque comme un patron qui donne le la, une douce drogue dont il me faut ma dose sinon quotidiennement, au moins régulièrement, j'aurais douté. Et de mon point de vue, un jeu qui sait se rendre indispensable à ce point, c'est la marque des grands ! Le titre de Kunos, je suis tombé dessus par hasard. Je bloquais encore un peu GT5 sur ma PS3 vieillissante et j'attendais dépité l'arrivée déjà si désirée du fameux Project Cars. Une simulation qui me faisait rêver à force de guetter chaque capture d'écran comme pouvait le faire le gosse que je fus face à Street Fighter 2 sur les pages usées et racornies de mes Player One d'antan...
Assetto je ne l'attendais pas du tout. Je ne connaissais même pas son existence pour être honnête et si je ne me souviens plus le cheminement exact qui m'a amené à cliquer sur Buy ce soir d'hiver, je peux vous assurer qu'a posteriori, j'ai rarement été si inspiré de faire un achat compulsif. La simulation peut être abordée de différentes manières : Il y a le "simmeur" du dimanche (dont je fais partie) qui va sauter sur son volant dès le générique de fin d'auto-moto passé, et il y a le gros "simmeur", celui qui peste sur des détails dont vous n'avez pas même conscience... Mais dans tous les cas de figure, une chose reste certaine, pour l'apprécier à sa juste valeur il faut aimer l'Auto. La "vraie" si je puis dire. Celle qui vous demande des efforts pour rester en piste dans un 1er temps. Puis encore des efforts pour gagner une seconde, puis un dixième sur un Nürburgring brumeux. Si vous êtes de ceux-là, Assetto Corsa est la simu qu'il vous faut. Mais attention. Préparez-vous à suer parce que rien de pire qu'un tel jeu pour vos finances (J'en entends quelques-uns me dire : "Psss.. Rien de pire que toi ouais...!"). Non pas qu'il soit si cher. Il se trouve pour une poignée d'euros sur le Steam Store. Mais assurément parce que c'est pour un tel titre qu'une victime du système (et j'en suis... encore...) va faire péter son livret A pour dans un 1er temps :
- Acheter un volant. Bas de gamme. Erreur fatale. - Racheter un volant. Moyenne gamme. Déjà plus judicieux. - "Reracheter" un volant. Haut de gamme... Vous commencez à vous détester... - Acheter un Subpac, ou bien un ButtKicker. - Acheter un casque VR. Parce que faut pas déconner, on est quand même ici pour parler de ça... - Acheter un Simulateur 2 DOF - Acheter un GEKO 105 - Acheter un simulateur 6 DOF... Bref, votre banquier ne va pas aimer ! Une fois votre PEL vidé, 2 solutions s'offrent à vous. La dépression, ou se plonger coeur et âme dans votre simu si chèrement acquise afin de tout oublier. Personnellement, j'ai opté pour la seconde. Et tant mieux pour vous, sans quoi je n'aurais pas pu faire ce test. Un rendu absolument saisissantAssetto lancé, la 1ere chose qui frappe en dehors de sa relative austérité (ce n'est clairement pas Mario Kart) c'est sa plastique. Ici point de décors bucoliques, pas de pluie, pas de nuit. Vous ne piloterez pas une petite berline sportive sur les routes tortueuses de la Côte d'Azur sous des cieux étoilés. Non ici c'est l'asphalte. Le vrai. Avec ses bouts de gommes, ses vibreurs acerbes et la rigueur germanique de ses circuits quasiment tous laser-scannés. Pas de fioriture, aucune extravagance. Tout juste quelques personnages en 2D pour meubler quelque peu le décor. Nous sommes dans la juste moyenne de ce que la concurrence sait faire. Mais rien n'y fait, Assetto est beau ! De fait, la précision de la modélisation des différents véhicules est tout bonnement unique, à ma connaissance, dans le domaine, pourtant bien concurrentiel, du jeu vidéo. C'est remarquable ! Chaque intérieur respire autant que faire se peut l'authenticité. De la plaque gravée juste derrière votre tête portant le numéro de série 1/499 de la LaFerrari, aux grilles des baffles Bose du kit éclaté d'une Nissan GT-R, en passant par les phares qui s'ouvrent électriquement d'un F40 ou bien encore les suspensions parfaitement modélisées d'une KTM X-Bow R... Tout y est d'une précision chirurgicale!
Passez sur les reflets du moindre chrome incrustant les tableaux de bord de ses sportives luxueuses et attardez-vous sur l'Alcantara et autres cuirs piqués aux textures presque palpables des différents volants... Les gars de chez Kunos sont des passionnés, ça ne fait aucun doute. S'il ne suffisait pas de savoir le siège social de la société sur le circuit de Vallelunga en Italie, ou bien encore savoir que ses messieurs ont développé une simulation pour le constructeur Ferrari, passer par le show-room des différents bolides devrait finir de vous en convaincre. Mais bon, la plastique c'est bien beau mais dans une simu auto, rien ne vaut davantage que des paramètres physiques se rapprochant le plus possible de la réalité. C'est ce qui en fait l'essence (hihi), c'est ce qui en fait le sel.
Et dans ce domaine, Assetto est tout simplement une référence. Vous pouvez d'ores et déjà oublier GT6, Forza 6 et autres jeux en 6 ou pas, certes, plus ou moins sympathiques mais à mille lieux du réalisme qui se dégage d'Assetto Corsa. Les experts du domaine peuvent en témoigner mais on éprouve véritablement un plaisir simple à piloter ses différents véhicules. Il n'y a pas une déclinaison inutile. De la Fiat 500 en passant par l'indomptable AC Cobra ou par des GT3, jusqu'aux monoplaces judicieusement choisies. Il semble que toutes les autos aient bénéficié du même soin quasi pathologique de se rapprocher autant que faire se peut de la réalité. Équipé d'un bon volant, élément indispensable pour profiter pleinement de cette simulation, les sensations de conduite se révèlent grisantes. Les transferts de masse, le moindre décrochage d'une roue passée dans l'herbe, un vibreur abordé de manière trop agressive... Tout s'y ressent. Le force feedback y est géré avec maestria. En un mot comme en cent, le réalisme d'Assetto est vraiment saisissant! Un "support VR alpha" qui fonctionne terriblement bienDepuis peu, Assetto Corsa est compatible avec l'Oculus Rift CV1 (une compatibilité Vive est prévue par la suite, mais le titre fonctionne avec Revive). Cette compatibilité est loin d'être parfaite car le titre ne bénéficie pour l'instant que d'un support dit "Alpha". Les menus ne sont donc pas en VR et il vous faudra enlever votre casque entre chaque course. Autre désagrément, l'activation de l'antialiasing. Si elle améliore bel et bien l'image, cette fonctionnalité vous empêchera de voir les différentes apps sous forme de HUD en pleine partie. Sachez aussi qu'il vous faudra désactiver votre seconde carte graphique (SLI) pour peu que vous en ayez une. Enfin les effets de post-traitement semblent générer un bug qui rend l'ensemble du jeu flou à un point tel qu'il faille les désactiver. Mais l'essentiel est là. Le jeu fonctionne terriblement bien une fois lancé sur un circuit. On n'y constate aucun bug majeur, l'impression de vitesse est excellente, les dimensions des habitacles sont évidemment à l'échelle 1:1 et la 3D y est parfaite. Ses différents habitacles se révèlent, par ailleurs, fort bien modélisés à l'avant comme à l'arrière.
C'est tout aussi vrai à l'extérieur des véhicules. J'invite d'ailleurs les possesseurs du Rift à se lever au moins une fois et à faire le tour de leur bolide s'ils en ont la possibilité. Le roomscale du pauvre assurément mais le rendu n'en reste pas moins impressionnant ! Le titre est aussi relativement peu gourmand en réalité virtuelle comparé à d'autres. Il est sans aucun doute nettement mieux optimisé que Project Cars de ce point de vue et ne demandera que peu de sacrifices en terme d'options graphiques sur une configuration convenable. D'ailleurs, les heureux possesseurs des configs les plus musclées devraient faire un tour sur ce tutorial pour augmenter la résolution. L'amélioration qui en découle est, dans ce cas précis, extrêmement profitable au titre ! Pour information, j'ai la chance d'avoir un des véhicules du parc automobile du jeu. Une version nettement moins puissante mais suffisamment proche pour que je puisse vous assurer que dès ma 1ere prise en main de son pendant virtuel, j'ai pu retrouvé mes repères. La force du titre, entre autres, et en VR notamment, c'est d'être suffisamment réaliste pour que le quidam moyen possédant son permis puisse y ressentir ce que nous autres initiés appelons la "présence". Il est très difficile de faire comprendre à quelqu'un qui n'a jamais essayé la VR sur une simulation automobile, voire qui n'a jamais eu la chance d'essayer un casque de réalité virtuelle tout court, les sensations que l'on peut alors ressentir. De fait, c'est une expérience qui doit être vécue pour bien être assimilée. Mais je vais tenter de faire de mon mieux. Si je me mets à la place de l'amateur de simulation auto qui n'a jamais pratiqué la réalité virtuelle, je pense que les 1ères questions qui me viendraient à l'esprit seraient les suivantes : Que se passe-t-il vraiment quand j'enfile le casque VR ? A-t-on réellement l'impression d'être dans une voiture ? A-t-on véritablement le sentiment de conduire ? La réponse commune à toutes ses questions est OUI ! Une fois le casque installé, on se retrouve en plein coeur de l'habitacle du véhicule exactement de la même manière qu'on le serait dans le monde bien réel. L'illusion est totale. Je me souviens la première fois être resté à l'arrêt une bonne poignée de minutes à regarder ahuri mes rétroviseurs, mon levier de vitesses ou bien encore m'être rapproché du tableau de bord pour y observer les compteurs dans leurs moindres détails, littéralement abasourdi par ce que je constatais alors : "Je suis dans le futur! Ce dont je rêvais enfant est arrivé... Ça va tout changer" ! Sortir sa tête par la fenêtre conducteur la toute 1ere fois est une expérience vraiment troublante. Se retourner et voir à quelques centimètres derrière soi le moteur vrombissant d'une Ferrari a quelque chose de magique. Le cerveau est complètement dupé et c'est d'autant plus vrai que dans un véhicule de course on est censé porter un casque et avoir accessoirement un volant dans les mains. Ici nous n'auront pas besoin des Touch. Le retour haptique se fera directement via le force feedback de votre T500 et autres Fanatec. Le FOV (field of view) qui ne couvre pas encore intégralement notre vision en VR comme il devrait sans doute parvenir à le faire d'ici quelques années n'est absolument pas un problème ici. Bien au contraire étant donné qu'il nous permet de simuler le port du casque automobile. Comprenez aussi que ça changera quoi qu'il arrive votre façon d'aborder la simulation. Il découle de la liberté de pouvoir tourner la tête pour anticiper les virages et du rendu 3D de votre environnement une bien meilleure maîtrise de votre véhicule. Les points de repère étant les mêmes que dans la réalité. Les phases de freinage se révèlent bien plus instinctives aussi. Pour résumer, vous allez conduire bien plus naturellement. D'ailleurs, voici une anecdote véridique qui est parfaitement révélatrice des sensations que révèle Assetto Corsa en réalité virtuelle : après une course de côte sur la piste de Trento-Bondone, j'ai voulu faire une marche arrière arrivé au terme du tracé. Je me suis surpris à essayer de trouver le siège passager pour m'y appuyer avec mon bras droit tel que je l'aurais fait dans la réalité pour me retourner. Échec cuisant pour mon amour-propre tant je me croyais à l'abri de ce genre de déconvenue. Personne ne m'a vu mais je suis prêt à parier que j'ai eu l'air plus c.. que d'habitude... Une finition qui reste perfectiblePour ce qui est du rendu du son des moteurs, là aussi, c'est le haut du panier, et ça va du très bon à l'excellent. Écouter la McLaren F1 ou bien encore le rendu du pot d'échappement Akrapovic de la BMW M4 est suffisant pour s'en convaincre. Mais les sons rauques des modèles tels que la GT-R Nismo ou bien encore la Mazda MX-5 road/cup vont vous mettre "les poils" comme l'on dit. C'est une certitude pour peu que vous soyez équipé d'un bon casque ou kit audio et d'un petit Subpac (et d'au moins quelques poils, accessoirement). Les bruits des chocs entre les véhicules et autres barrières sont en revanche perfectibles. Dommage. À ce propos, vous n'entendrez aucune autre musique que celui des moteurs dans Assetto. Et ce, même dans les menus. Au niveau du multi-joueur et de son netcode, c'est simple, ils ne sont pas si bons que cela sur Assetto parce que pas vraiment aussi achevés que les "simmeur multi" souhaiteraient les voir êtres. Si le multi et le netcode ne sont pas forcément ce qu'il y a de pire (Project Cars...), ils sont loin d'être ce qu'il y a de mieux (IRacing) et donc pas complètement à la hauteur du reste du titre. L'avantage d'Assetto Corsa étant toutefois de pouvoir être moddé et donc dans une certaine mesure, amélioré sur les points les plus gênants concernant le multi dès lors qu'on est prêt à mettre un peu les mains dans le cambouis. Le contenu solo n'est quantitativement parlant pas si consistant que cela non plus. Comptez un peu plus d'une quinzaine de circuits hors déclinaisons, pour 91 véhicules au moment où j'écris ces lignes en comptant les DLC. Sans, le contenu sera inférieur et vous n'aurez pas accès au circuit Nürburgring par exemple. Malgré tout, la durée de vie du titre est cependant quasi infinie pour qui s'interesse un tant soit peu à la simulation auto. Les menus sont certes austères mais tout à fait fonctionnels et se révèlent relativement clairs une fois la structure des sous-menus bien intégrée dans nos petites caboches.
Enfin, l'IA du jeu s'est vue fortement améliorée depuis la MAJ 1.5. N'attendez pas des miracles, elle était auparavant catastrophique. Si ce n'est plus le cas (on peut bien s'amuser maintenant), je n'aimerais tout de même pas y faire face dans la vraie vie sur un vrai circuit imaginant la vraie douleur si caractéristique que doit procurer le choc de 2 véhicules de plus d'une tonne chacun à 200 km/h. Pour résumer, on pourrait dire que cette IA, mieux vaut la voir là qu'ailleurs. Pour terminer sur un point non négligeable, il ne faut pas oublier le fait qu'Assetto Corsa a été créé de manière à être parfaitement moddable. C'est une grande force du titre. On peut facilement trouver des tas de circuits, voitures, skins, apps et autres championnats en un tour de main. Ce qui, comme mentionné précédemment, permet non seulement de pallier les défauts du jeu mais aussi de l'enrichir considérablement avec du contenu de qualité pour peu qu'on prenne la peine de bien choisir ses mods.
Le Verdict
RéALISATION
Si les décors dans lesquels évoluent les bolides ne sont pas particulièrement impressionnants, le titre peut se targuer d'avoir du caractère et un certain cachet. Les couleurs par exemple sont très justes et "sonnent" vraies. La modélisation des véhicules ne souffre qu'en à elle d'aucun défaut ! De l'intérieur des habitacles à leur extérieur, on frôle la perfection.
SON
La partie audio bien que perfectible au niveau des chocs contre les éléments du décor et les autres véhicules assure l'essentiel : des sons moteurs d'une grande qualité et fort bien spatialisés. Une Corvette vous dépasse par la gauche . Vous le saurez bien avant de la voir.
JOUABILITé
La sensation de conduite que révèle Assetto Corsa est à mon avis l'une si ce n'est la meilleure du marché. De ce point de vue on atteint des sommets tant le comportement des différents châssis semble crédible. C'est absolument remarquable !
DURéE DE VIE
Le contenu est de grande qualité et est largement suffisant pour s'amuser longtemps pour peu que l'on soit adepte du genre. À défaut d'être monumental il présente de plus l'avantage de pouvoir être moddé et donc enrichi de contenu en permanence. Il faut noter que Kunos continue d'améliorer son bébé de façon constante. Quant au multijoueur, il est dans la moyenne des autres titres du genre. La gestion des parties n'est pas particulièrement mauvaise mais l'ensemble souffre de l'absence de classements ou de championnats organisés, et la gestion des pénalités ne semble pas faire l'unanimité.
IMMERSION
Le rendu en réalité virtuelle est encore en phase dit "préalpha". Comprenez par là que vous n'aurez donc pas une compatibilité complète et parfaite. Il subsiste encore de nombreux éléments qui ne fonctionnent pas comme les menus ou certains filtres graphiques à désactiver. Mais même le fait de devoir enlever son casque entre chaque course ne gêne pas tant que ça tant les sensations sont grisantes en VR. Avec un équipement dédié, la "présence" est belle et bien au rendez-vous.
ConclusionAssetto Corsa se révèle être une excellente expérience en réalité virtuelle et si vous aimez un tant soit peu la simulation automobile vous ne pourrez qu'apprécier ce titre au caractère marqué. Le bon vin de l'ivresse !
Si vous êtes arrivé au terme de ce test interminable, vous l'aurez compris, oui, j'aime Assetto Corsa. Il n'est pas parfait. Les menus ne sont pas (encore?) disponible en VR, et les décors qu'on y trouve ne sont pas forcément les plus flamboyants du marché. La partie multijoueur fait bien le job mais est perfectible et le contenu solo n'est pas aussi gargantuesque que chez certains concurrents. Mais l'essentiel est là. Les sensations de conduite qu'il procure sont vraiment de haut vol et le rendu VR, tout Alpha qu'il soit au moment où j'écris ses lignes, est très convaincant. Assetto a ses lacunes mais est sans demi-mesure. En somme, il est comme le bon vin et... Le vin comme l’amour, L’amour comme le vin, Qu’ils soient impérissables, Qu’ils soient sans lendemain, Qu’ils soient bourrus, tranquilles, Acerbes ou élégants, Je suis sûre qu’il ne faut pas Mettre d’eau dedans. (Juliette Noureddine) En l'occurrence, l'essence suffira bien. Config de test : I7 6700k, GTX 980ti, 16GB Ram
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