Chronos : Un vrai RPG qui aurait perdu toute son âme sur écran classiqueChronos est un jeu qui a été annoncé en même temps que l'Oculus Rift CV1. Présenté lors de la conférence pré-E3, celui-ci avait réussi à rendre curieux plusieurs d'entre nous malgré le manque d'information divulguée. Il est développé par Gunfire Games, les développeurs de Darksiders et semble clairement puiser son inspiration dans des jeux tels que Zelda et ICO / Shadow of The Colossus. Mais l'élément qui démarque Chronos de la plupart des autres expériences c'est qu'il a tout d'un jeu classique à la 3ème personne qui aurait très bien pu fonctionner sur un écran classique. Les développeurs ont-ils donc fait le bon choix en rendant le jeu exclusif à la réalité virtuelle, et plus important encore, sert-elle à quelquechose ici ?
Chronos se présente comme un RPG classique à l'ancienne. Vous incarnez un homme ou une femme, au choix, qui devra parcourir des paysages et détruire des "gardiens" pour espérer pouvoir affronter le dragon qui menace toute l'humanité. Très classique et rien de bien folichon pour un heroic fantasy, vous allez me dire ? Sauf que ça n'en est pas un.
Un scénario bien plus profond que prévuEn effet, le jeu se déroule dans un univers post apocalyptique, avec au départ des environnements qui font penser à un mix entre Fallout et Resident Evil. Grosse surprise donc, puisque tout semblait montrer que c'était plus un "Zelda Like". Passé cette surprise, on découvre donc une sorte de batiment plutôt glauque et morbide ce qui nous éloigne encore plus du genre fantasy. Le scénario, qui avait l'air plutôt simpliste de base, semble bien plus profond dès qu'on se met à lire les notes qui sont dispersées dans le jeu. Car c'est comme ça qu'on apprend réellement ce qui se passe, il n'y aura quasiment pas de dialogue ou de scènes intermédiaires dans Chronos. Cela a ses avantages ainsi que ses inconvénients, car l'histoire reste (volontairement ?) floue, même après avoir terminé le jeu.
On découvre donc que pour éliminer la source du mal, il faudra se rendre dans le Labyrinthe grâce au D.A.T.L.A., un système de téléportation mystérieux utilisant une pierre, qui semble avoir été conçu grâce à des Dreamers, des êtres humains reliés à des machines qui les connectent aux autres mondes. Le labyrinthe ne s'ouvre qu'une fois par an, et à chaque mort, vous devrez donc revenir une année plus tard, afin d'avancer plus loin. On voit d'ailleurs son personnage vieillir au fur et à mesure, ce qui renforce beaucoup l'immersion, puisque cela impacte réellement le gameplay. Des influences qui frôlent le plagiat par momentAu niveau de la jouabilité, elle se rapproche énormément à un mélange entre Dark Souls et Resident Evil. Les combats se jouent d'une manière très similaire au titre de From Software, avec des armes offensives et défensives dont il faudra maitriser le timing pour ne pas se faire tuer. Les plans fixes rappellent énormément les premiers Resident Evil, où il faudra avancer au bout d'une pièce pour changer de plan. Les deux influences se mélangent parfaitement bien, et donne un coté légèrement old school au titre, ce qui est très agréable. Le monde, par contre, est plutot ouvert à la manière de Herobound sur Gear VR, donc il sera toujours possible, et même nécessaire parfois de revenir en arrière pour prendre un nouveau chemin ou activer tel élément.
Dans le jeu, vous aurez plusieurs caractéristiques que vous pourrez augmenter au fur et à mesure des niveaux : Force, Agilité, Arcane et Vitalité. Les deux premières caractéristiques correspondent à certaines armes : la force aux armes lourdes comme la hache ou le marteau, et l'agilité à l'épée et au javelot. Il y a donc plusieurs armes dans Chronos, et chaque ennemi sera sensible à un style de combat particulier. En effet, certains ennemis seront difficiles à vaincre avec une arme d'agilité, notamment ceux avec des boucliers, et il faudra donc leur provoquer des dégats importants et ainsi casser leur défense avec le marteau par exemple tout en parant leur coups, alors que d'autres ennemis devront être vaincus le plus vite possible en esquivant régulièrement cette fois avec la touche B. Du Dark Souls quoi.
Vous ne commencerez la partie qu'avec une arme (agilité ou force, au choix), et il faudra trouver les armes dans les donjons à la manière d'un Zelda. C'est donc une excellente idée à la base, mais malheureusement je trouve que, même si elles apportent une bonne dose de variété, elle se ressemblent un peu trop dans leur maniement. Au niveau des arcanes par contre, c'est un peu la déception. Ce ne sont pas vraiment des sorts à lancer, et cela se comporte plutôt comme des "booster" d'armes. D'ailleurs, mis à part un changement visuel (imbiber l'arme d'arcane est très beau à voir), je n'ai pas réellement noté de différences entre elles, ce qui est vraiment dommage. J'aurais aimé pouvoir faire un déluge de sorts, ou alors pouvoir lancer une attaque spéciale avec les arcanes, mais elles ne feront qu'accompagner un coup puissant qui sera effectué en maintenant la touche d'attaque ou une esquive réussie et ne changent pas vraiment les attaques à proprement parler. C'est d'autant plus dommage, car le jeu est plutôt long (10 h à peu près) et les arcanes deviennent de plus en plus puissantes au fur et à mesure que vous vieillissez, ce qui aurait pu énormément changer le gameplay selon votre âge.
En effet, à chaque mort, vous prenez un an, et il sera possible de débloquer un talent tous les 10 ans. Attention cependant, car il faudra tout de même tenter de rester jeune, car plus vous vieillissez, plus il sera difficile d'augmenter vos caractéristiques physiques contrairement à celle de l'arcane qui devient favorisée. Les talents ne changent pas non plus le gameplay de manière profonde, mais restent un plus agréable, et c'est surtout sur le plan visuel que le vieillissement affectera votre expérience, car vous verrez votre héros prendre de l'âge, et devenir de plus en plus fatigué au fur et à mesure, ce qui met une pression similaire à celle qu'on pouvait ressentir dans The Legend of Zelda : Majora's Mask.
D'ailleurs, la réalisation est une réussite, surtout sur les animations des ennemis et personnages qui sont très fluides et très travaillées, ce qui donne encore plus l'impression d'avoir face à soi des vrais entités et non des modèles 3D qui sont programmés pour bouger et attaquer à la vue du personnage. Un des ennemis du 2ème monde qui était sur le point de me tuer m'a d'ailleurs donné une sensation étrange quand je le voyais marcher autour de moi sans rien faire car il attendait que je fasse quelque chose. La chose qui surprend toutefois est que chaque élément du titre semble être inspiré d'un jeu d'une autre licence : l'ambiance de Ico, les déplacements de Resident Evil, le système de combat de Dark Souls et la progression de Zelda. On sent d'ailleurs clairement que les gars de Vigil sont des fans de la licence de Nintendo. Car même si c'était déjà le cas dans Darksiders, cela frôle presque le plagiat par moment dans Chronos, notamment sur le dernier niveau qui semble tout droit provenir de The Legend of Zelda : Twilight Princess, avec les mêmes types de décors et carrément les mêmes particules qui volent dans les airs. Mais pourtant, si on excepte la partie visuelle, celui-ci réussit tout de même à se démarquer du niveau dont il est (clairement) inspiré, et c'est justement là où brille Chronos. Il s'inspire de beaucoup de licences, mais les développeurs ont réussi à trouver une formule qui mélange des influences très variées, et donne à Chronos sa propre personnalité. Quid de l'utilisation de la réalité virtuelle ?Comme précisé juste avant, Chronos s'inspire, beaucoup même. Mais pourtant, je n'ai jamais eu l'impression que ce n'était qu'une pale copie ou un condensé de plusieurs jeux. Pourquoi ? Et bien déjà, Chronos mélange les influences de jeux qui possèdent des ambiances radicalement différentes, et on sent les développeurs plus "fans" que copieurs. La ligne est très fine, mais ça ressemble plus à de l'influence qu'une tentative de copier. Et surtout, l'ambiance est totalement différente de tous les jeux dont les développeurs se sont inspirés.
L'histoire, sans vous spoiler, est bien plus sombre et presque plus "profonde" que celles des jeux cités ci-dessus. Si vous pensez que vous allez avancer dans une petite aventure "fantasy" où il faudra tuer les ennemis et vaincre le grand méchant, alors vous avez presque raison... et totalement tord. C'est presque une façade qui est utilisée pour cacher la noirceur du jeu, qu'on repère dès le début, mais qui ne se révèle vraiment que vers la dernière partie. La première partie du titre propose donc une ambiance très similaire à celle de Ico, avec un sentiment d'être seul et d'avancer dans un endroit dont on n'en connait pas grand chose, et c'est déjà un exploit en soit d'avoir réussi à reproduire cela. Mais au fur et à mesure de votre aventure, le sentiment d'oppression constante face au vieillissement de votre personnage donne à Chronos une ambiance qui se démarque totalement, et ce, surtout grâce à la réalité virtuelle. Vous l'avez donc compris, l'ambiance est très forte dans Chronos. Le jeu se présente d'ailleurs comme "une expérience atmosphérique", où l'on baigne dans un univers. Et oui, c'est vrai, le titre aurait parfaitement pu être proposé sur console de salon. Cependant, Chronos ne serait pas Chronos sans la réalité virtuelle, car elle ne sert pas de joujou immersif pour proposer des plans 3D qui pètent la rétine, elle fait partie de Chronos. Le titre se repose énormément sur la sensation d'accomplir sa tache avant de mourir de vieillesse (même si ce n'est pas possible), de ne pas échouer. Sur un écran, on aurait presque eu l'impression de faire face à un film, où on se serait attaché au personnage et souhaité qu'il parvienne à vaincre le mal qui menace le monde. Mais en réalité virtuelle, on fait presque partie de ce monde, et on "ressent" le besoin de vaincre ce mal car on baigne dans l'univers, on est dedans grâce aux sons 3D beaucoup plus réalistes, les environnements proches de nous, les ennemis face à nous... L'oppression est bien plus pesante et n'aurait probablement pas donné la même chose sans la VR, et quand on y pense, le but d'un jeu à "ambiance", qu'il soit à la 3ème personne ou pas, est de réussir à immerger le joueur dans un univers. Donc même s'il est possible de porter le jeu sur un écran classique, la réalité virtuelle reste peut être la meilleure technologie pour ce type d'expérience. Le verdict
RéALISATION
Chronos est absolument magnifique. Ce n'est pas le jeu VR qui possède les plus belles textures ni le plus de polygones, mais l'animation du personnage et des ennemis est bien plus poussée que tout ce que j'ai pu voir en VR. De plus, les effets de particules sont très réussis (merci UE4), et les environnements sont très bien faits et très variés, car presque tout est inédit lorsque vous avancez dans le jeu avec peu ou pas de réutilisation d'éléments comme des modèles ou environnements. Pour les configurations les plus musclées, je conseille toutefois d'augmenter la résolution et de désactiver l'Anti-Aliasing car celui-ci "floute" le rendu et réduit la perception de la 3D. Pour cela, il faudra se rendre dans C:/Users/"votre nom d'utilisateur"/AppData/Local/Chronos/Saved/Config/WindowsNoEditor/GameUserSettings.ini et changer le paramètre d'AA en sg.AntiAliasingQuality=0
SON
Même si Chronos ne possède pas vraiment de musique, la partie sonore est très bonne, notamment dans la partie contemporaine avec un bruit d'orage en 3D qui m'a fait retourner la tête pour savoir si c'était vrai ou dans le jeu. Le thème du jeu ne m'a pas vraiment ébloui par contre, mais on ne l'entend que peu de fois dans le titre. Certains bruitages d'impacts sont un peu difficile à différencier aussi par moment, ce qui fait qu'on ne sait pas vraiment si on a fait du mal à l'ennemi où s'il vient de parer le coup.
JOUABILITé
La jouabilité de Chronos est extrêmement classique, et fonctionne très bien. Les plans type Resident Evil confèrent non seulement un coté old school au titre, mais fonctionne très bien en VR et permet à ceux qui n'ont pas encore leur "jambes VR" (ceux qui ont la nausée dès que la caméra bouge) de jouer au titre sans ressentir la moindre gêne. Petite déception toutefois sur la progression du personnage et sur les magies, qui, même si elles parviennent tout de même à faire varier le gameplay, auraient pu réellement le changer au fur et à mesure qu'on avance dans le jeu.
DURéE DE VIE
La durée de vie de Chronos est plus qu'honnête, car il vous faudra à peu près 10 heures pour terminer le jeu, 15 si vous êtes un peu plus lent et que vous aimez tout explorer. Il n'y a pas vraiment de rejouabilité étant donné qu'il est facile de tout voir en une partie. Notez que la difficulté est plutôt corsée en mode normal, donc ne pensez pas prendre le mode difficile en pensant que cela proposera un challenge plus approprié. Mention spéciale par contre à l'énigme du dernier niveau type "rubik's cube" qui m'a fait m'arracher les cheveux. Chronos possède plusieurs faces cachées, et c'est le premier véritable RPG que j'ai joué en réalité virtuelle. On a jamais l'impression de jouer à une démo ou une "expérience", et il plaira à tous les joueurs consoles fans de Zelda, Ico ou Dark Souls. Cependant, s'il semblait être au début un RPG solide avec des mécanismes relativement classiques qui auraient mérités d'êtres un peu plus approfondis, il se démarque totalement grâce à la combinaison de la réalité virtuelle, de son système de vieillissement et de son univers plutôt sombre, qui lui confèrent une ambiance unique.
On a vraiment l'impression de faire partie de l'aventure, et la VR permet justement de se perdre dans cet univers. Et oui, techniquement, le titre aurait parfaitement pu être proposé en 2D sur un écran classique, mais il aurait perdu une énorme partie de son charme. Certains titres, musiques, œuvres d'art ont pour but de provoquer une sensation, un sentiment, et même si les expériences à la première personne sont plus immersives d'un point de vue présence, même si le titre "n'utilise pas vraiment la VR" à proprement parler, le sentiment que Chronos essaye de provoquer n'aurait jamais été possible sans la réalité virtuelle, qui réussit à transformer le titre en véritable expérience là, où il aurait été "un simple jeu" sur écran classique. Configuration de test : Nvidia GTX 980Ti, 16 Go Ram et Core I5 4670K
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